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Amour - douleur - transformation



Quand l’amour réveille émotion et douleur - un voyage dans le coeur

La semaine dernière une cliente est venue en consultation pour, comme elle disait, se recentrer et voir plus clair. Elle m’a racontée qu’elle avait rencontré un homme juste avant le confinement. Une rencontre au hasard – attirante et inattendue, qui l’a fait vibrer comme elle ne l’avait plus ressenti depuis longtemps, me disait-elle, la gorge nouée. Un véritable coup de cœur, mais aussi beaucoup de frustration pas seulement due à la situation sanitaire. Une rencontre faite de mots doux, d’attente, de désir non assouvi et d’émotions qui ont surgi du tréfonds de son être, une connexion au-delà de la distance. Une intensité belle et en même temps douloureuse d’un cœur qui s’ouvre. Trois mois à peine qui se diluaient dans le temps et quelques rencontres volées au temps, imprégnées de tendresse, de douceur, de possibles et de désir. Puis l’homme qui s’est immiscé dans son cœur et dans ses pensées, s’en est allé. Comme ça. Il est parti sans explication la laissant là, planté avec son cœur ouvert et vulnérable. Est-il emprisonné dans ses structures mentales ? se demande-t-elle. Pas libre intérieurement, a-t-il pris peur pour finalement choisir le connu ? Elle ne saura peut-être jamais. Cela lui demandait du courage, me confia-t-elle, d’accueillir cette vague de tendresse et d’amour. Et malgré la peur, de laisser les sentiments s’éveiller, elle était prête à accueillir ce qui n’était à ce stade, qu’un élan et un soupçon doux d’un murmure de son âme, de croire en l’amour joyeux, profond et spirituel. Pas lui, il n’était pas prêt, m’affirma-t-elle d’une voix remplie de regret. Puis la plongée dans la marée de ses émotions qui l’ont submergée violemment fut intense. Elle s’est vue projetée dans le passé, son histoire, sa relation avec sa mère, le rejet, se sentir désemparée et perdue, la colère noire, les attentes non satisfaites, la manipulation, sa recherche d’être reconnue et aimée, l’acceptation, la maladie et bien d’autres choses qui l’ont marquée et conditionnée enfant et l’ont accompagnée jusqu’à l’âge adulte. Elle n’a eu d’autre choix que de passer par le programme de lavage et d’essorage et courageusement elle a embrassé ce processus. La fierté dans sa voix a rempli toute la pièce. Ainsi cet homme malgré elle, et son doute malgré lui, sont-ils venu réveiller ces souffrances anciennes, reléguées dans un endroit bien fermé de sa conscience. Le rejet ressenti a réactivé une douleur si vive dans son corps - une douleur bien connue - qu’elle n’avait d’autre choix que de l’accueillir et la reconnaître. La douleur s’était d’ailleurs miraculeusement estompée le temps qu’avait duré leur rencontre, s’en rendait-elle compte! Quand une douleur se manifeste, physique ou psychique, elle nous lance un appel à l’accueillir avec bienveillance et compassion, à la reconnaître comme une partie de soi. Et elle perdra son emprise sur nous. Nous ne pouvons laisser aller ce qui n’est pas reconnu, rejeté ou enfoui. Le corps, lui, se souvient à travers un processus complexe nerveux, émotionnel, hormonal, tissulaire, musculaire et autre, l’emmagasine et il nous le rappellera. Cette souffrance physique ou psychique est aussi en quelque sorte programmée dans notre cerveau. C’est lui qui crée un circuit correspondant à la douleur, à la souffrance ou à une émotion négative et donne des impulsions électriques au corps. Ce qui est notre passé - particulièrement des choses non-résolues - reste actif dans notre présent aussi longtemps que nous le nourrissons consciemment ou inconsciemment Notre cerveau ne distingue pas entre le passé, le présent ou le futur. Il ne reconnaît pas le temps. Ainsi quand nous rencontrons une situation similaire à un schéma inscrit dans notre histoire de vie, elle rallume ce circuit (comme la rencontre de notre exemple, l’homme ayant des similitudes avec un être aimé, il a, par son rejet d’elle, réveillé des souffrances anciennes) et les mémoires, réelles ou interprétées faussement, peuvent alors nous submerger sans avertissement. Chacun réagit à sa manière à une réactivation des mémoires logées dans le cerveau limbique, par exemple par un trop plein d’émotion, un déni ou un refus, la fermeture ou encore une hypersensibilité, la dépression, l’anxiété, l’auto-jugement, des croyances crées par ce circuit neuronal.. Le corps lui, répond à ce trop-plein par un déséquilibre, des tensions, des douleurs ou par des problèmes inflammatoires, immunitaires, etc. Lors de notre séance de thérapie craniosacrale, la douleur s’est manifestée subitement et à un degré à peine supportable. Sous mes mains, cela ressemblait comme si je tenais un barrage plein, prêt à céder. Ce que j’aime tant dans cette approche, c’est le toucher délicat et attentionné, cette ouverture et l’écoute du cœur qui signale au corps une présence non-intentionnelle et bienveillante. Lui donne le temps et l’espace d’inspirer et d’expirer. Permet à tous les systèmes du corps de se mettre en mouvement, en contraction et en expansion, sans projet. Cette présence non-intentionnée est accompagnée par ce que nous appelons dans notre jargon « respiration primaire », ce rythme lent qui anime la nature, l’existence même et qui traverse et régénère tout l’être. Aller à la rencontre d’une douleur ou d’une émotion demande du courage. Souvent nous avons davantage peur de ce qui pourrait refaire surface et de nos émotions que de ce qui se présente réellement à nous. Accueillir ce qui est présent et lui offrir l’espace nécessaire pour se transformer, nous rend la dignité et la force. J’observe toujours un sentiment de justesse et souvent de soulagement d’avoir enfin affronté ce qui couvait depuis si longtemps en nous pour se rendre compte que ce n’était pas si grave que ça. S’ouvre alors un nouveau quelque chose de plus grand et lumineux en nous qui prépare un renouveau. Tout est respiration, tout est expansion. Parfois, nous l’avons vu avec l’homme du cœur de ma cliente, il est plus simple de rester dans ce que nous connaissons au détriment des possibles prometteurs. Ma cliente, elle, est partie reconnaissante et reconnectée à son soi et à ses valeurs, avec la conviction d’être sur le bon chemin ouvert vers ce nouveau. Là où réside ta plus grande peur, se loge ton plus grand potentiel ! Pour finir j’aimerais partager ce magnifique texte de Christiane Singer, grande et magnifique dame : Ce qui est bouleversant, c'est que quand tout est détruit, il n y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout.Je vous le jure. Quand il n'y a plus rien, il n'y a que l'Amour. Il n'y a plus que l'Amour. Tous les barrages craquent. C'est la noyade, l'immersion. L'amour n'est pas un sentiment. C'est la substance même de la création...Je croyais jusqu'alors que l'amour était reliance, qu'il nous reliait les uns aux autres. Mais cela va beaucoup plus loin ! Nous n'avons pas même à être reliés : nous sommes à l'intérieur les uns des autres. C'est cela le plus grand vertige... de l'autre côté du pire t'attend l'Amour. Il n'y a en vérité rien à craindre. Oui, c'est la bonne nouvelle que je vous apporte.

Svenja Knecht, 4 juin 2020

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